Haaa mes amis,
Voilà un bail, comme on dit, qu’on ne s’est plus lu. Je vais vous épargner mes journées de 32h. Aujourd’hui, en cette fin du monde postposée au siècle prochain (ou à 23h11, nous verrons bien), je n’ai pas envie de me plaindre.
Vous vous dites sûrement, en lisant mon titre : « ça y est, son talent est enfin reconnu, et ce, par un public des plus exigeants : les ados, nom d’un mucus (ma fille est en train de regarder « La princesse et la grenouille », pendant que je rédige, ça m’inspire) ».
En effet, si j’ai loupé le Goncourt et le prix Fnac, je n’ai pas non plus remporté le plébicite des lycéens. Faudrait que j’aie publié pour ça, et encore ! Non, non, toujours silence radio des éditions Quadrature. Mais je vis puisque l’espoir fait vivre.
En attendant, je vous fais part d’une petite lecture d’actualité : Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan, un roman sélectionné pour le Goncourt (depuis éjecté de la seconde sélection mais primé par la Fnac et par les lycéens du Renaudot, d’où le titre).
Selon moi, en ouvrant l’oeuvre (hmmm l’allitération assonantique…), je me disais qu’une autobiographie sur les rapports conflictuels entre une écrivain et sa mère bipolaire, suicidaire et cancéreuse n’intéressaient probablement personne. D’office, je ne voulais pas être touchée, ni pleurer, surtout pas aimer ce roman impudique, cette autofiction narcissique et nombriliste.
Et merde !
Je me suis fait avoir.
Comment rester insensible à cette quête intérieure bercée par la mort et la violence ? Dit comme ça, on fuirait d’emblée ce roman dépressif. Il ne l’est pas, ni indécent d’ailleurs même si l’auteur ne recule devant aucune vérité. L’humour et la lumière percent de temps en temps la nuit profonde du récit.
Mais bien plus que l’histoire de sa mère, de son enfance à son suicide, Rien ne s’oppose à la nuit est l’autobiographie de Delphine de Vigan elle-même. Toutes les douleurs destructrices de sa mère sont perçues à travers le prisme du regard de sa fille. La focalisation est bien interne et l’auteur tente de décrire sa propre compréhension de la détresse, plutôt que la détresse elle-même.
On peut toujours se dire ici : « Oui mais quel intérêt pour le lecteur d’assister à cette autopsie mentale et familiale ? ». On pourrait craindre le Delarue littéraire. Je n’ai pas résolu cette question, en effet. Ce qui m’a bouleversée, c’est l’intérêt porté à l’écriture salvatrice, vitale, déferlante. J’ai aimé ce rapport à la littérature nécessaire pour comprendre la ligne d’une vie. La démarche est passionnante pour quelqu’un qui écrit, comme moi. L’est-elle pour un « simple » lecteur ?
En tout cas, ce n’est pas du Marc Levy, c’est toujours ça de pris.
Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan, Ed. JC Lattès, 2011, 436 pages, 19 €.
Ce livre m’a bouleversé, je l’ai lu début septembre et je ne m’en suis pas remis depuis…
Quel magnifique personnage que celui de Lucile… Tragique destin aussi et surtout…
Concernant la démarche littéraire elle-même, j’ai du mal à me situer, moi qui écrit depuis quelques années. Je ne sais pas si j’oserais relater des faits comme ça, sans les travestir un minimum. Mais que c’est bien fait, quelle plume, quelle force que celle de Delphine de Vigan de nous conter son histoire comme elle l’a fait. Et quel bel hommage à sa mère surtout !
Merci d’en parler, moi j’en suis tellement resté bouche-bée, que je n’en ai pas fait un billet sur mon blog.
Tu en es où dans ta vie d’écriture et dans tes démarches ?
Bises !
Ma vie littéraire prend un tournant positif mais ça mérite un billet, que je n’ai pas encore eu le temps de rédiger. Je te tiens au courant.
Pour Delphine de Vigan, difficile de ne pas réfléchir sur sa propre démarche d’écriture, n’est-ce pas ?
Je reviens de ton blog. Accroche-toi, ta remise en question est la bonne. Ecris pour te libérer et par générosité, pas pour te laisser écraser par le doute.