Ma vie d’écrivain béni
Qui a dit que la fatalité s’indomptait ? (oui, indompter n’existe pas, mais je suis une néologiste queneauraymaldienne, je fais ce que je veux avec mes cheveux). Et puis c’est joli « indompter », non ? C’est ma marque de fabrique, le néologisme. Je suis connue dans le métier pour ça aussi.
Quel métier ?
Comment ça, quel métier ? Mais je suis écrivain, moi, Monsieur au fond à gauche. Vous devriez le savoir, pourtant, depuis le temps que vous squattez mes billets. Excusez-moi, chers bloguistes et bloguiennes, je règle un contentieux avec le Monsieur au fond à gauche.
Bref.
Je fais partie du métier maintenant : les grands pontes de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises (de Belgique) m’appelle « chère consœur ». Vous y croyez, vous ? Moi à peine. Je leur envoie mes nouvelles, ils les lisent, ils m’accordent une subvention à l’édition et dans la formule de politesse toute prête « Veuillez agréer l’expression de nos sentiments distingués », ils insèrent « Chère Consoeur » avec les majuscules d’usage.
Un péché capital.
Et bien oui, je me la pète, je suis gonflée d’orgueil, je chuinte un peu sur les « J» et mes « A » deviennent gutturaux quand je dis, (faussement) modeste, : « Jjje chuis tellement rââvie », j’invente des mots qui n’existent pas (forcément, si je les invente). Je vérifie quand même sur internet que personne n’a eu l’idée de l’ « indompter ». Indompté existe bien, Angélique fut indomptable mais la fatalité, mes amis, je lui ai porté un coup … fatal. Hahahahaha. Mes confrères du FNL se gausseraient de ce bon mot.
FNL ?
Non, ce n’est pas la Fédération de Natation Luxembourgeoise. Un peu de respect, s’il vous plait, Monsieur au fond à gauche ! Le FNL, c’est le Fond National de Littérature. Ses membres m’accordent une subvention si je trouve un éditeur dans les 4 ans. Ils me demandent de signaler leur aide lors de l’impression et d’éventuellement leur envoyer un exemplaire. Comme si je leur faisais une faveur. Je ris tout de suite ou je leur signale que c’est moi qui suis honorée ?
Et maintenant ?
Bon, il faut que je trouve un éditeur. Ça tombe bien, j’en ai un et pas des moindres : Quadrature à Louvain-la-Neuve, mon marabout, mon chamane, mon exorciste, mon leveur de malédiction. En attendant de m’atteler à la lourde tâche de correction et de quête effrénée d’un titre moins neurasthénique, je me repais dans la relecture réduplicative de ma lettre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises.
Merci le FNL !