Archives de Catégorie: Ma vie d’écrivain maudit

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 10

Par défaut

OMG ( OH MY GOD), elle est de retour.

Talalalalalala Talalalalalalaaaaaa Samba ! C’est sur un air do Bragil que j’effectue un virage à 194° vers mon blog. On me le réclame à corps, à cris, à menaces, depuis des années. JE L’AI FAIT, je suis là.

Oui je sais, SI ! JE SAIS, on écrit « à cor et à cri », mais dans mon cas, les corps se jettent sur moi en criant : ‘Un artiiiiiicle » et « à corps, à cris, à menaces » n’existe pas à priori, que je sache. Et le premier qui dit que je suis de mauvaise foi, je lui envoie mon recueil de nouvelles corrigé au bic par une lectrice de bibliothèque qui n’aime pas « la nouvelle orthographe ».

 Où c’est-y qu’elle était, Isabelle Baldacchino ?

– A la foire du livre de Bruxelles pardi !

– Pendant un an ?

Naaaaan, mais j’ai eu des trucs à faire, vous comprenez : une asbl, des ateliers d’écriture, une résidence d’auteurs, un dossier pour ma bourse de la commission des lettres, un contrôle technique… ça prend du temps vous savez, surtout que j’ai dû remplacer mes plaquettes de frein et que mon clignotant droit clignote à gauche… Comment ça, « on s’en fout » ? Non mais dites donc, Monsieur, je vous fais l’honneur de revenir, restez poli.

Où j’en étais, d’ailleurs ?

Ah oui ! Le weekend dernier, tout le monde le sait, c’était la foire du livre de Bruxelles. Autant l’an passé, j’étais la star de ma maison d’édition, Quadrature, qui comptait sur mon aura littéraire pour battre les records de fréquentions sur leur stand en sortant mon « Manège des amertumes » expressément pour la foire de 2013, autant cette année, mon horaire de dédicace donnait à penser qu’il avait bien fallu la caser quelque part la petite, elle est bien sympa avec ses joujoues toutes rondes mais c’est pas tout ça, on a du chiffre à faire, nom d’un recueil de nouvelles.

Autant l’an passé, TéléMB s’était déplacé pour faire un reportage de 15 minutes sur mon entrée en littérature, lecture en voix off à l’appui, simulation de signature avec multiples fans (mes éditeurs déguisés en fait), autant cette année, j’avais mis une crinoline et un chapeau haut-de-forme, mais personne n’a été dupe, je ne suis pas Amélie Nothomb.

Pourtant, j’ai eu de nombreuses échanges inattendus. Madame Machin ne trouvait pas le stand 234, celui des éditions du Seuil. Comme je n’avais que ça à faire, étudier le plan de la foire à l’envers à l’endroit, j’ai pu la diriger dans le bon sens de la bonne allée de la bonne salle. A Monsieur Truc qui se demandait si mon recueil convenait à des enfants de primaire, j’ai pu répondre … que non. Merci aurevoir, il est parti, pleinement satisfait de ma disponibilité.

Même mes éditeurs ont hésité en me voyant arriver : Oui, Madame ? … Ah, Isabelle, c’est toi, on ne t’avait pas reconnu avec ta … crinoline. Le chapeau, est-ce vraiment nécessaire ?

Alors, comme ils n’avaient pas le choix, ils m’ont mise entre Dominique Costermans et Luc-Michel Fouassier.

Dominique Costermans

Dominique Costermans, c’est plus de 10 bouquins, 6 prix et des nouvelles deci delà. Elle n’écrit plus depuis 2008 et cette année, elle revient avec « Petites coupures », chez Quadrature. Les gens qui passent la voir lui offrent des truffes artisanales, des cuberdons au Champagne, la regardent avec des étoiles dans les yeux et lui disent au bord des larmes : « Il était temps que vous reveniez, vous nous avez manqués ». C’est beau, elle est émue. J’espérais qu’elle soit méchante ou un peu prétentieuse, histoire de la détester. J’aime bien détester les gens qui ont du talent. Mais elle est gentille avec moi, elle est douce, elle est belle. Avec ses grands yeux bleus, sa chevelure ébouriffée et son sourire, on dirait Candy. J’ai toujours voulu être Candy. Pfffff.

Candy

Luc-Michel Fouassier

Luc-Michel Fouassier, c’est le winner de la tchatche de salon. Il a sa petite assiette, il la remplit de MM’S et chaque fois qu’un lecteur traîne devant ses « Histoires Jivaro », paf, il l’accroche :

– 100 nouvelles de 100 mots, allez-y madame, mangez un bonbon, c’est le temps qu’il faut pour lire une de mes nouvelles.

Et ça marche. La madame, elle glousse, la bouche pleine, elle ouvre le recueil. A tous les coups, elle tombe sur une de ses histoires un peu grivoises. Luc-Michel, il sourit, et tac tac badaboum, elle achète.

Luc-Michel, il repère aussi les hommes à lunettes, parce que, je vous le donne en mille, il a écrit un recueil qui s’appelle « Les hommes à lunettes n’aiment pas se battre ». Alors, il sort son test de la vue, vous savez, avec l’alphabet et les E majuscules dans tous les sens, ça glousse ensemble, entre mecs, voyez, genre, on connait bien le problème, hein mon petit bonhomme, les buées quand on vient du froid tout ça tout ça, on est des potes maintenant et tac tac badaboum, l’homme à lunettes achète « Les hommes à lunettes n’aiment pas se battre ».

Parfois on respire. Luc-Michel, il disparait 5 minutes. Puis il revient : « ça va c’est cool, j’ai vendu deux romans chez Luce Wilquin, j’suis rassuré ».

On aimerait le détester, Luc-Michel, parce qu’il serait commercial, qu’il prendrait de la place, qu’il parlerait trop fort. Mais même pas, merde ! Il est sympa, Luc-Michel. EN PLUS. Et quand il vous parle de sa femme, l’amour de sa vie, l’unique, c’est qu’il vous ferait chialer. Je hais les hommes à lunettes qui n’aiment pas se battre, romantiques et rigolos, ça devrait pas exister.

Maintenant que j’y pense, je trouve que Luc-Michel a un petit air d’Alistair (si Candy n’évoque pour vous que le jeu des bonbons sur Iphone, vous ne pouvez pas comprendre).

Alistair

Moi aussi j’ai des techniques de vente

Une fois, j’ai ramené des Chokotoffs :

– Allez-y madame. Le temps que vous le suciez, vous aurez fini ma nouvelle.

Le mari, il m’a regardé par-dessus ses lunettes, un peu lubrique, un demi-sourire aux lèvres. La dame, elle l’a regardé lui, par-dessus les siennes, furibarde. Elle a voulu m’insulter, mais comme elle avait les dents toutes noires qui collaient un peu, j’ai rien compris et j’ai éclaté de rire. Elle a jeté mon livre par terre, elle est partie, toute rouge.

Et Luc-Michel a eu le temps de vendre « Les hommes à lunettes n’aiment pas se battre » au mari à lunettes. Je suis désespérée.

Les gens

Moi, les gens quand ils viennent me voir, ils tiquent sur UN truc de la 4ème de couverture. Vous savez, là où il y a une biographie en italique :

– Vous avez un resto et vous trouvez le temps d’écrire ?

Que j’aie fait huit ans d’études (philologie romane et conservatoire compris), ils s’en tamponnent le Carambar. Tout ce qu’ils voient, les gens, c’est « patronne de restaurant ». Je leur dis que c’était dans une autre vie, que c’était une époque formidable, je ris en repensant à ce client en train de vomir sa vie dans nos toilettes, je ferme les yeux quand je ris et quand je les ouvre … le lecteur s’est barré sur la pointe des pieds. Désespérée, je vous dis.

OMD (OH MON DIEU)

A la fin de la foire tout de même, mes éditeurs sont sous le choc. J’ai vendu. Oui madame, j’ai pratiquement tout vendu. Merde, qui me dit, Patrick, mon éditeur/8 alias « le boulier », on va être en rupture de stock pour ton bouquin. Chouette, je lui dis, on devra lancer une réimpression.

Mais il a pas répondu.

Moi je veux mourir sur scèneuuuuuu…

Manquerait plus que les pandas écrivent un livre et là, je me re-suicide au Mon Chéri pour la 4ème fois. Ou je fais une overdose de Chokotoffs. Je m’étends sur tous les nouveaux recueils de Quadrature en hurlant « Tous à poil, la censure ne passera pas » (oui, c’est pas parce qu’on se suicide qu’on n’est pas engagé).

Et puis je meurs,

mon bouquin entre les mains.

C’est beau non ?

Au fait…

PS : J’aurais pu parler des retrouvailles, des rencontres, des repas partagés, des émotions, des rires, d’un récital de nouvelles, d’une lectrice de mon blog, d’un dernier visiteur magnifique, mais faudrait pas que j’ai trop l’air d’aimer ça, la Foire du livre. Et ma vie d’écrivain maudit alors ?

J’aurais pu avouer que Quadrature concocte des horaires de dédicace aux petits oignons selon les disponibilités de chacun, mais faudrait pas que j’ai trop l’air de les remercier. Et ma mauvaise foi alors ?

J’aurais pu vous parler de : Agnès Dumont, Aliénor Debrocq, Gaëlle Pingault, Calouan, Marie-France Versailles, Jacqueline Daussain, Liliane Schraüwen, Hélène Jousse, Pascale Pujol … mais faudrait pas que j’ai trop l’air de partager l’affiche. Et mon heure de narcissisme alors ?

Et pour les Français qui ne connaissent pas les Chokotoffs : 

chokotoff habillé Chokotoff habillé

chokotoff à poil  Chokotoff à poil

Ma vie d’écrivain maudit ‘pisode 9

Par défaut

‘pisode 9

Dites donc, vous, au fond. Je vous entends : « Qu’est-ce qu’il lui arrive encore à cette pauvre fille ? Elle sait même plus écrire correctement. Elle élague ses syllabes. A tous les coups, elle a attrapé la dépression de son éditeur/8 mâle. Ça pourrait se comprendre, avec toutes les galères qu’elle a vécues depuis le début de son entrée en littérature. Et puis, elle n’a pas un physique facile, soyons francs ».

Non mais, ça va aller, oui ?

Tout d’abord, j’écris tout à fait correctement, Monsieur J’oublie-mes-particules-de-la-négation. « Elle sait même plus écrire », on a fait mieux comme linguistique académique (et toc !). Ensuite, la dépression, ce n’est pas contagieux. Mon éditeur/8 mâle va beaucoup mieux depuis que… Ah, permettez, je garde les trois petits points pour plus tard.  Troisième précision : mon physique est très facile. Ce n’est pas parce que je ne suis pas une gourgandine vautrée dans la luxure que je n’ai pas mon petit succès. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai été étroitement convoitée par un certain L. charmé par mon parfum guerlainesque. Bon, il avait 10 ans et il était un peu hyperactif, mais tout de même, je plais encore, Môsieur.

Et les galères, me direz-vous ?

Ben, ça va en fait. Je m’en sors bien pour une maudite. Pour les initiés (et mes amis Facebook), « ‘pisode 9 »  fait référence à la Vebsérie, diffusée chaque semaine dans l’EXTRAORDINAIRISSIME émission sur le monde web, le Vinvinteur. Vinvin, le présentateur, il dit toujours « ‘pisode » à la place de « épisode », ça me fait rire. Bref. Ils m’ont pris un dialogue pour la Vebsérie, ‘pisode 11. C’est ici, à 17’38. Ma tronche sur France 5, on a vu pire, non ? Et vous jugerez par vous-même, cher Monsieur Ingrat, que je ne suis pas amputée de beauté. C’est ici, à 18’39. OUI, C’EST FURTIF, ET ALORS ? Comment ça, j’ai les joues bien remplies ? C’est la télé, Monsieur, ça grossit. Permettez, je fais une petite dépression et je reviens.

Voilà, ça va mieux.

Ça va même beaucoup mieux depuis que… Vous vous souvenez, les trois petits points, la guérison miraculeuse de mon éditeur/8 mâle bipolaire ? Et bien, aujourd’hui, je vous l’annonce officiellement en semi-exclusivité mondiale : mon recueil de nouvelles, « Le manège des amertumes » est en librairies et en vente en ligne depuis le 15 février 2013. (Semi, parce que je l’ai déjà annoncé à la moitié de la terre. Faites le calcul, ça correspond).

Que dire ?

First, I wanna thank my parents without qui I not serais pas là today. Then, thanks to my lover for his patience and his indefectible soutien. Thanks surtout to myself for my talent, for realize my own dreams, for what I am. I love me. Sorry, I am trop émue for continue. There are really angels on this blog !

Les retours

Ma copine du net, Kylie Ravera, a été the first of the world à écrire un article sur mon livre. Il faut dire qu’elle écrit elle-même des romans, une saga mathématico-policière plus précisément. Et drôle. Et tendre. Et bien foutue. Bref, son article est à l’image de son héros, Peter Agor : drôle, sincère et surprenant.

Autre blogueur au nez fin : Jérome Cayla qui m’a fait l’honneur d’un billet tout en compliments dans « Les chroniques de Goliath ». Grrrr, je ronronne de plaisir.

Voilà, c’est tout.

Oh ça va hein !

De toute façon, je ne veux pas être une star. Je tiens à mon statut d’écrivain maudit. Je suis fidèle à mes valeurs, moi Monsieur au fond à droite qui la ramène tout le temps. Vous avez écrit un livre, vous, d’abord ? Vous avez vu la fierté embuée dans les yeux de votre maman allongée sur son lit d’hôpital, vous ? Oooooh, mais ne pleurez pas, Monsieur Aufond. Elle a juste une jambe cassée, rien de grave. Ça lui a même permis de trouver sa vocation, ce petit séjour aux frais de la mutuelle : agent littéraire en milieu hospitalier. TOUT le personnel infirmier et sanitaire est au courant que mon livre est sorti. Je dis bien TOUT le personnel. Pas moyen d’y échapper. Ma mère est un bulldozer de la promo littéraire.

Bon, je récapitule

« Le manège des amertumes », Isabelle Baldacchino, 108 pages, Editions Quadrature.

Le résumé : Des êtres pris dans une dentelle d’araignée s’entrecroisent, se répondent ou s’ignorent en choisissant le trottoir d’en face. Une marche d’escalier, une rue, une cave sont les lieux où ils vivent, où ils passent, où la tragédie côtoie insolemment la légèreté.

Toutes ces nouvelles se suffisent à elles-mêmes, mais l’auteure s’est employée à tisser des liens entre les histoires. Retrouvez-les ou laissez-vous mener jusqu’au dernier texte qui résonnera en vous comme un écho.

L’auteur (moi quoi !) : Née dans le Hainaut, où elle vit toujours, Isabelle Baldacchino est romaniste et comédienne. Ancienne co-gérante d’un resto-théâtre montois, professeur de français, animatrice d’ateliers d’écriture, chroniqueuse radio, elle vit sa vie à cent à l’heure.

En 2010, elle ose enfin confronter sa prose au regard du public. Elle remporte des concours de nouvelles et publie dans des ouvrages collectifs. Elle séduit enfin les Editions Quadrature en 2011 qui retiennent « Le manège des amertumes », une œuvre soutenue par le Fonds National de la Littérature.

Un extrait ? Aaaaaallez : « Oh le comédien ! Oh l’artiste ! Applaudissez, messieurs-dames, l’illusionniste entre en piste. Il est majestueux, il est magnifique : quelle splendeur d’hypocrite, quel perfide. Admirez sa technique, acclamez ses fourberies. Il dit Madame, il pense catin. Quel poète ! »

Disponibilité : commandes en librairies (belges, françaises, suisses, …), www.i6doc.com/quadrature, chez l’éditeur par simple mail (quadraturelib@gmail.com ), sur tous les sites de librairies en ligne.

ISBN : 978-2-930538-30-3 (livre broché) 15€

SBN : 978-2-930538-21-3 (format ePUB) 12€

Et la couvertuuuuuuuuuuuuuuuure :

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 8

Par défaut

I’m back !

Sonnez clairons et moquettes, je sors de ma retraite. « Mais où c’est-y qu’elle était ? », vous demandez-vous, hilares, échaudés par la prise intempestive d’une substance illicite. Non, non, ne sombrez  plus dans les dépendances toxicomaniaques, fans en délire, je suis de retour. Inutile de vous oublier dans le désespoir vain. Ne croyez pas les tweets honteux qui ont annoncé ma mort sur les pistes de Megève ou mon exil fiscal en Roumanie occidentale : tout est faux !

Mais où c’est-y qu’elle était ?

Oh, vous me l’avez déjà faite celle-là. Il faudrait penser à vous renouveler. L’usage intempestif de la répétition agrammaticale appauvrit votre texte. C’EST NUL .

Oh pardon, lecteur esseulé en quête d’une aumône baldacchinienne (l’adjectif entre dans le dictionnaire en février 2013). MAIS NON, suis-je bête, c’est MON recueil de nouvelles qui sort le 15 février 2013.

Note bien cette date, lecteur littérairement anémique : le 15 février 2013 le 15 février 2013 le 15 février 2013 le 15 février 2013 le 15 février 2013 le 15 février 2013 le 15 février 2013, je te remets de l’hémoglobine poétique dans les veines.

Mais je m’égare

Donc pardon, cher lecteur, pour cette saillie inattendue. Je perds un peu la tête. Je suis en pleine relecture de mon NNNoeuvre. A la demande de mon éditeur/8 × 2, je corrige mon manuscrit. Oh, quelques virgules à peine. Tu connais mon souci de perfectionnage, mon sens de la précisance et mon talent pour la pointillation.

Editeur/8 × 2 ? Mais qu’est-ce qu’elle raconte ?

Quadrature, c’est… : «  huit personnes aux capacités diverses qui mettent leur amour de la littérature et leur énergie en commun, ça peut déplacer des montagnes et, aussi, créer une maison d’édition… Le nom de Quadrature n’a pas été choisi au hasard… »

C’est beau.

Bref, sur les 8, j’ai deux parrains (des bourreaux, oui… enfin surtout un !), un homme et une femme (non, ils ne sont pas ensemble, rhooooo, quel ragoteur, ce lecteur), qui me chouchoutent (me torturent), me conseillent (m’envoient des parpaings dans la tronche), tentent avec moi d’améliorer mon texte (m’ont bazardé deux nouvelles à la poubelle, comme ça, comme un vulgaire Mon Chéri fondu, m’en ont recommandé cinq, pour n’en retenir qu’une). Pourtant, lecteur adoré et admiratif, tu connais mon souci de perf… Comment ça, je me répète ? Mais tu te prends pour mon éditeur ou quoi ?

Mon éditeur/8  mâle est dépressif

En novembre 2011, Patrick (Patoche pour les intimes, mais je ne suis pas une intime ; je suis obligée de l’appeler Monsieur) me dit, texto : « T’étais suicidaire quand t’as trouvé ton titre ? Hahaha (rire gras et moqueur) »

Pour rappel, je l’avais diffusé sur ce blog même, en vous mettant en garde contre les ponts et les cordes : « Le manège immuable des amertumes ».

Ça va, vous êtes toujours vivants ?

A la quête d’un intitulé fun, accrocheur, combatif et éventuellement vendeur, j’ai demandé conseil au Dilettante (voir ici). Je me suis fait attaquer en justice pour harcèlement. Faut pas les emmerder au Dilettante.

Alors, mon recueil s’est appelé successivement :

  • La charmeuse des lampions
  • Entre mêlés en deux mots
  • Entremêlés en un mot

Puis j’ai suggéré 3724 titres plus parfaits les uns que les autres. Un éditeur/8 femelle a proposé 799 groupes nominaux sans adjectif (parce que mon parrain, il aime pas les adjectifs, notez pour plus tard). Et non, non, non, aime pas, qui disait Patoche, Monsieur.  Veux pas, peux pas, c’est nul !

Puis, pas plus tard qu’hier (il y a trois jours en fait, mais ça sonne mieux avec hier…. Oh, tu ne peux pas comprendre, tu es lecteur, pas écrivain), le vlà qui revient, en tortillant des pieds (enfin, j’imagine, parce qu’on s’envoie surtout des mails) : « Tu sais, finalement, ton premier titre, il est pas si mal… si on enlève l’adjectif ».

!!!

Ha !

Je vous dis qu’il est dépressif. Je suis inquiète. Je vais en parler à mon éditeur/8 femelle. Je vous tiens au courant.

Bref, mon recueil de nouvelles sort le 15 février 2013.

C’est con, on loupe la Saint-Valentin d’une journée. Mais bon, ça ne fait rien. Prenez votre agenda, oui oui, là tout de suite, ouvrez-le à la date adéquate (le 15/02/13 en fait)  et notez en majuscules : « Le manège des amertumes, Isabelle Baldacchino, Editions Quadrature, à acheter absolument à toute ma famille, à mes élèves, à mon comité d’entreprise, à mon syndicat, à mes amis Facebook que j’aime tant… »

Concours

D’ici peu, je crée une page Facebook sur mon « bookin ». Vous m’enverrez la photo de votre agenda avec la note susdite et je tirerai au sort le futur gagnant d’un exemplaire gratuit de mon livre. On fait ça ?

Je fais ce que je veux

Oui, je passe du « tu » au « vous » sans transition. Et alors ? Mon flux de lecteurs est mouvant.

Et non, je n’ai pas répondu à la question «  Mais où c’est-y qu’elle était ? ». J’ai une vie privée, crotte !

PS : Je tiens à rassurer mes lecteurs : aucun auteur n’a été réellement maltraité dans cette chronique. Mes parrains quadraturiens s’appellent Marie et Patrick et ils sont fantastiques. Mais ça reste entre nous.

C’est ce que vous vous direz le 16 FEVRIER 2013, LE MANEGE DES AMERTUMES. NOTEZ ! Faut juste mettre du Tipp Ex sur le « dés ». Oooh, ça se verra pas; ça reste du blanc sur noir.

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 7

Par défaut

Ma vie d’écrivain béni

Qui a dit que la fatalité s’indomptait ? (oui, indompter n’existe pas, mais je suis une néologiste queneauraymaldienne, je fais ce que je veux avec mes cheveux). Et puis c’est joli « indompter », non ? C’est ma marque de fabrique, le néologisme. Je suis connue dans le métier pour ça aussi.

Quel métier ?

Comment ça, quel métier ? Mais je suis écrivain, moi, Monsieur au fond à gauche. Vous devriez le savoir, pourtant, depuis le temps que vous squattez mes billets. Excusez-moi, chers bloguistes et bloguiennes, je règle un contentieux avec le Monsieur au fond à gauche.

Bref.

Je fais partie du métier maintenant : les grands pontes de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises (de Belgique) m’appelle « chère consœur ». Vous y croyez, vous ? Moi à peine. Je leur envoie mes nouvelles, ils les lisent, ils m’accordent une subvention à l’édition et dans la formule de politesse toute prête « Veuillez agréer l’expression de nos sentiments distingués », ils insèrent « Chère Consoeur » avec les majuscules d’usage.

Un péché capital.

Et bien oui, je me la pète, je suis gonflée d’orgueil, je chuinte un peu sur les « J» et mes « A » deviennent gutturaux quand je dis, (faussement) modeste, : « Jjje chuis tellement rââvie », j’invente des mots qui n’existent pas (forcément, si je les invente). Je vérifie quand même sur internet que personne n’a eu l’idée de l’  « indompter ». Indompté existe bien, Angélique fut indomptable mais la fatalité, mes amis, je lui ai porté un coup … fatal. Hahahahaha. Mes confrères du FNL se gausseraient de ce bon mot.

FNL ?

Non, ce n’est pas la Fédération de Natation Luxembourgeoise. Un peu de respect, s’il vous plait, Monsieur au fond à gauche ! Le FNL, c’est le Fond National de Littérature. Ses membres m’accordent une subvention si je trouve un éditeur dans les 4 ans. Ils me demandent de signaler leur aide lors de l’impression et d’éventuellement leur envoyer un exemplaire. Comme si je leur faisais une faveur. Je ris tout de suite ou je leur signale que c’est moi qui suis honorée ?

Et maintenant ?

Bon, il faut que je trouve un éditeur. Ça tombe bien, j’en ai un et pas des moindres : Quadrature à Louvain-la-Neuve, mon marabout, mon chamane, mon exorciste, mon leveur de malédiction. En attendant de m’atteler à la lourde tâche de correction et de quête effrénée d’un titre moins neurasthénique, je me repais dans la relecture réduplicative de ma lettre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises.

  Merci le FNL !

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 6

Par défaut

Ma vie de ménagère de moins de 50 ans maudite.

Depuis que je suis une écrivain en vogue, ma vie quotidienne a littéralement changé. Littérairement, je devrais dire, hu hu hu (humour d’auteur). En effet, je vais voir des films d’auteur en néerlandais, je donne des stages d’écriture en bibliothèque et je dédicace des livres que je n’ai pas écrits.

Je vais voir des films d’auteur en néerlandais

Je sors à l’instant de la projection de « Tot altijd » au Plaza Art de Mons et godverdomme, qu’est-ce que j’ai « bré* » ! Faut dire que je suis devenue une breyou** quand j’ai accouché. Ça fait 7 ans que j’ai vêlé pourtant. Mais depuis, je suis plus sensible, comme si les vannes s’étaient ouvertes au moment où mon gynéco a saisi le sécateur vaginal et qu’il … Je suis en train de vous raconter mon épisio, là ?  Pardonnez-moi.

Au fait, je vous déconseille vivement de taper « épisiotomie » dans Google pour en vérifier l’orthographe. Vous tombez immédiatement sur une superbe vidéo explicite de la chose et bref, … je vais voir des films d’auteur en néerlandais.

Je donne des stages d’écriture en bibliothèque

Du 2 au 6 avril, de 9h à 12h, à la bibliothèque de Saint-Ghislain. Réservation au 065/76 20 20. A partir de  14 ans.

20 €, ça va quoi ! Vous vous débarrassez de votre ado pendant une semaine et il est en sécurité. Les livres, ça mord pas. Les crayons, ça fait pas grossir. Au pire, il repart avec un rhume de cerveau et vous êtes tranquilles pour la deuxième semaine, il est cloué au lit.

Je dédicace des livres que je n’ai pas écrits

Je donne des ateliers d’écriture en primaire, créés par C. B., une auteur de jeunesse. Ben, c’est cool, les élèves me demandent de dédicacer ses bouquins. Je leur dis : « J’suis pas C. B. ». Ils me disent : « Je sais, ça fait rien, c’est pour ma mère ».

Depuis, je suis insomniaque. J’essaie de résoudre cette équation pseudo-subséquente à ma non-identité primitive. Et je cale. Comprends pas.

Mais je signe.

Ma vie de ménagère de moins de 50 ans maudite.

Depuis que je suis écrivain, je passe plus de temps chez moi. Non seulement je découvre les joies de la solitude créative, m’enfonçant dans les profondeurs intrinsèques de la recherche propre, un ballon de muscat  à la main, le mazarelli ayant disparu des rayons du Colruyt (un autre drame de ma vie de ménagère de moins de 50 ans maudite) mais je vais aussi à la bulle à verre. Il faut dire que j’ai des amis particulièrement spongiques, adeptes de la course en relai 4 fois 2 mètres en rallye-chopes et arrêt au stand de rosé. Comme je ne suis pas particulièrement répétitive (à part avec le mot « particulièrement ») dans mes déplacements au tri de bouteilles, j’accumule. Et SOUDAIN, j’en peux plus, faut que je débarrasse la véranda de ses cadavres.

Me voilà à la bulle à verres. Avec toute l’honnêteté citoyenne qui me caractérise, je sépare les verres blancs des colorés. Et je tombe sur un sirop de sucre de canne à moitié vide. J’hésite. Personne à l’horizon. Je la mettrais dans la bulle que personne ne saurait que c’est moi… Mais non, je conscientise, je tergiverse et je tranche. Je reviens avec mon sirop périmé.

Et là, bardaf, je vous le donne en mille, je pose la bouteille une demi-seconde au milieu du salon pour enlever mon manteau et elle éclate sournoisement sur mon carrelage.

Je suis maudite.

Allez éponger du sirop de sucre de canne qui dégouline lentement mais sûrement. Même l’essuie-tout n’en veut pas.  Evidemment, je suis à court de nettoyant parfumé à la fraîcheur des champs. Me restent… les lingettes pour bébé. A quatre pattes, au milieu du salon, les mains collantes, à récupérer du sirop de sucre de canne réfractaire. NON, CE N’EST PAS EROTIQUE, MONSIEUR. Taisez-vous, ou je reprends l’épisode de l’épisio !

Finalement, je m’en sors bien. Mon salon est propre, les poubelles ne passent que demain, je vais pouvoir me débarrasser de mon crime au plus vite. Je peux peut-être enfin enlever mon manteau…

Et là, bardaf, je vous le redonne en mille : le miroir de l’entrée s’écroule au sol, éclatant en centaines de morceaux, ravivant en moins d’une minute la malédiction qui avait fait ma légende mais dont je m’étais débarrassée en toute impunité avec la lettre d’acceptation de mes nouvelles aux Editions Quadrature, je le rappelle ainsi en passant.

Vous m’excuserez donc, chers bloguistes et bloguiennes, si je noie un chagrin à peine oublié dont la réminiscence vient d’éclater au sol de ma détresse (oui, je sais ça ne veut rien dire, mais c’est joli) dans la consommation excessive d’une omelette norvégienne (inutile de préciser que je me la sers sans glace et sans œuf).

Adieu donc, de nouveau et à jamais (tot altijd en parler belgo-nordique)

* pleuré

** pleurnicheuse

 Zut, j’ai renversé le sucre de canne…

 

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 5

Par défaut

Ma vie d’écrivain maudit : the end.

Ha mes amis, me voici enfin de retour. Oui, je sais, ce fut long et douloureux, telle une grossesse littéraire indésirée. Vous vous demandiez où diable j’avais bien pu m’envoler, si ma passion dévastatrice pour le mazarelli ou les Mon Chéri avait eu raison de mon âme, si mon suicide au tiramisu avait fait son œuvre.

Foule en délire

Hé bien non, je suis en vie. Ne hurlez pas, je vous prie, Madame, vous vous donnez en spectacle. MONSIEUR, rhabillez-vous s’il vous plait, nous ne sommes pas sur … hmmm, tournez-vous un peu pour voir. Mais c’est que vous êtes croquignolet… Heuuu, je m’égare. Fans en délire, je vous ai manqué, je le sais. Vos témoignages désespérés me sont parvenus et ont su toucher mon cœur. J’en ai dénombré au moins 2, dont celui de mon éditeur.

« Mais qu’entends-je, qu’entends-je ? Elle a dit mon éditeur ? »

OOOUUUUUIIIII, chers bloguistes zé bloguiens, la malédiction est enfin levée : mon recueil de nouvelles a trouvé acquéreur. L’extraordinaire et talentueuse maison d’édition Quadrature a accepté mon « projet » et me voici publiable en 2013, voire fin 2012.

Certains me diront de ne pas crier victoire, ni de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir anesthésié (aucun animal n’a été maltraité dans cette rubrique) vu que 2012 a plus de chance de voir la fin du monde par explosion volcanique teuton que la parution de mon œuvre.

VIIIIIICCCCCCTOOOOOOOOOOOOOOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRRRRRRRRRRREEEE !!!!

Je crie si je veux, Monsieur.

Diète

En attendant, mon foie est en suspens. Après une overdose sylvestrienne à la méthode champenoise  à laquelle personne ne peut échapper, j’entre en cure comme en littérature. En effet, je compte bien me la péter en novembre 2012 dans tous les salons et autres rencontres littéraires, ce qui signifie que mon objectif principal dans les semaines à venir est de perdre 20 kilos.

Oui, je sais, en tant qu’auteur, je devrais avoir d’autres priorités, comme (je cite MON éditeur. Je dirais même plus MES éditeurs, puisqu’ils sont 8, dont 2 rien que pour moi, je vous expliquerai ça une autre fois, là, on parle de moi si vous voulez bien) revoir la structure générale du recueil, modifier la première nouvelle qui n’est pas du niveau exceptionnel de la seconde (enfin, exceptionnel, je l’ai ajouté, mais ils l’ont pensé tellement fort que je me permets), trouver un autre titre.

Quoi mon titre ?

Bon, d’accord, il y a plus réjouissant comme entrée en matière. Si vous ne vous suicidez pas après l’avoir lu, c’est que vous êtes déjà mort. Je cite,  « Le manège immuable des amertumes ». Cher public fidèle et assidu, je lance donc un appel aux propositions. Qui trouvera un titre moins dangereux pour la santé mentale de mes futurs lecteurs ?  Trois mots sont interdits : corde, anxiolytiques et crémation. Je le conçois, ça va être dur mais je sais que vous pouvez y arriver.

J’ai déjà demandé son avis à la maison d’édition parisienne « Le dilettante » qui m’a gratifiée, souvenez-vous, d’une lettre de refus insultante à souhait. Ils m’ont fait les propositions suivantes :

«  Laissez-nous tranquilles, Mademoiselle, nous ne sommes pas conseillers en marketing littéraire ». Mais je le trouve un peu long comme titre, non ?

Ensuite, ils ont suggéré à ma cinquième demande :

«  Allez-vous faire foutre avec vos nouvelles à la con, nous ne publions pas de belges bipolaires ». Mais j’ai trouvé que ça irait mieux à un roman d’Amélie Nothomb qu’à mon recueil.

Enfin, leur dernière proposition me semble la meilleure mais j’aimerais avoir l’avis de mes bloguistes. Que pensez-vous de :

«  Convocation au Tribunal Pénal de la préfecture de Paris XVème pour harcèlement moral par voie épistolaire ». J’aime assez. En tout cas, merci le Dilettante pour ces encouragements à vaincre enfin la malédiction de l’écrivain qui m’a tant brimée cette année.

Bref, ma vie d’écrivain maudit s’arrête ici.

 

 Toi, t’es mort.

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 4

Par défaut

TOC (traque obsessionnelle compulsive)

Haaaa les lettres de refus du Dilettante. Elles sont célèbres dans le monde des romanciers de tiroir (ceux qui ont un roman dans le tiroir, qui y reste, faute de trouver une maison d’édition).  Il suffit de traîner sur quelques blogs ou sur les forums littéraires pour s’en rendre compte.

Ça y est, j’ai la mienne et je n’en suis pas peu fière.

Moi je suis une demi-nouvelliste de tiroir : de nombreuses nouvelles primées et éditées (heuu, trois en fait), un recueil dans le no man’s land postal des tentatives éditoriales.

Pour faire le point, j’ai osé une première salve de 5. Deux éditeurs m’ont répondu (Luce Wilquin et le Dilettante) après un mois d’attente fébrile :

6h27, après 3 abattages du rappel des 9 minutes sur mon réveil : rien dans ma boîte aux lettres. Trop tôt, le facteur dort encore.

6h40 : Mon téléphone est à 98 % de batterie. Ok

6h42 : rien sur yahoo.fr, rien sur gmail, rien sur gandimail, ….

7h : Boîte aux lettres

7h20 : meeeeeeeeeeerde, mon téléphone est sur silencieux… Han non, il sonne. C’est qui  c’est qui ? Ma mère ! Elle veut savoir si je passe manger de la ratatouille ce soir. C’est une blague ?

7h24 : faut que je parte

Vous multipliez l’espace-temps entre 6h27 et 7H24 par 10 et vous avez un aperçu plus ou moins réel d’une journée d’écrivain de tiroir.

NON !

Luce Wilquin, c’est fait, j’ai déjà déversé mon désespoir ivrognesque.

Le Dilettante mérite un article à lui tout seul, voire un blog, voire un roman.  Tout d’abord, présentons cette maison d’édition qui se revendique anarchiste. C’est d’abord une librairie parisienne où l’éditeur-libraire cuve sa mononucléose derrière le comptoir. Traduisez : quand j’ai déposé mon « projet » (on ne dit pas « manuscrit », mais projet) en mains propres, Monsieur  Dominique Gaultier dormait à côté de sa caisse. C’est vrai, lire 15 manuscrits projets par jour, ça épuise.

 En visant le Dilettante, j’ai eu un doute. Je savais que la maison était acerbe, réputée méchante envers les « wannabee » (ceux qui veulent être et qui ne sont pas encore… et qui ne seront peut-être jamais). On dit souvent que ce sont les stagiaires qui se chargent d’assassiner l’auteur amateur, histoire qu’il ne recommence pas ses conneries. Panpan cucu sur le chiwawa !

Mais en bon écrivain prétentieux, plein d’espoir et de naïveté, on se dit qu’on n’est pas comme les autres, qu’on a peut-être une petite chance.

Haaaaaa

Haaaa la petite chance. Comme si tous les aspirants en littérature ne croyaient pas l’avoir, cette petite chance, moi la première.

Comme promis, la réponse est arrivée vite et bien : moins d’un mois. Je vous la livre à sec (enfin, je sens que je vais m’imbiber très vite. Aujourd’hui, soyons fous, je me saoule au tiramisu).

                   M.lle,

                   Nous avons lu votre manuscrit, qui n’a malheureusement pas retenu notre attention.

                   «  Les nouvelles offrent trop souvent les mêmes types de personnages décadents.  Une prose bien triste. Vous gagneriez en substance à porter un regard, non pas moins noire, mais plus large sur le monde environnant »

                   Nous vous proposons de vous le réexpédier par voie postale à réception de la somme de 10 euros blablabla…

Signé Le service des manuscrits Hélène Voisin.

Vous vous dites : « elle a fait une faute, Isa, faut pas de E à noir ! ».

La faute est dans le texte !!! Ça c’est une vengeance basse et puérile : traquer la faute d’orthographe. ET IL Y EN A UNE, HELENE VOISIN, HA HA HA HA !

Commerce oblige : le courrier est accompagné d’un bon de commande. Véridique ! Comme si une scribouillarde guillotinée avait encore la tête à lire d’autres auteurs publiés, eux ! (Vous voyez que je suis fun, Hélène, je fais des jeux de mots).

Entre guillemets (ceux que j’ai mis plus haut), le texte écrit à la main qui s’insère dans la lettre-type.

Mon cœur balance…

J’hésite : rire ou me suicider.

Rions d’abord : visiblement, Hélène a lu en diagonale. Certes, la plupart des nouvelles sont mélancoliques, cruelles, noires, appelez–les comme vous voulez. Mais pas seulement. On rit beaucoup aussi : ce n’est pas moi qui le dis, ce sont mes lecteurs. Ouiiiiiiiiiiiii, mes lecteurs ne sont pas objectifs (mon chéri, mes copines, …). J’ADORE MES LECTEURS PAS OBJECTIFS. Le premier qui touche à mes lecteurs pas objectifs, je lui envoie une lettre du Dilettante.

Ensuite, pourquoi pas ? C’est tout à fait ma démarche : un petit monde à décrire où se déroulent des tragédies plus grandes que nos cages d’escaliers et qui côtoient parfois la légèreté absurde ou la magie du hasard. Oui j’accepte l’avis de cette pauvre Hélène, pour la moitié de mon recueil (celle qu’elle a lue … à moitié). J’élargirai mon regard dans une autre œuvre, de tiroir ou pas.

J’avance, je tiens compte, je cogite.

En attendant, je vise l’indigestion mascarponienne et le coma éthylique avec mon tiramisu. Puis je me suiciderai. Ou pas.

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 3

Par défaut

Rage et désespoir

Mes propos risquent d’être incohérents ; je n’ai plus toute ma sobriété.

Bien que je n’aie plus de mazarelli dans le frigo, j’ai réussi à noyer mon chagrin. Tant qu’à sombrer dans le pathétique, j’ai cumulé la pochtronnerie (ce mot n’existe pas et je m’en fous), la crise de foie et la reprise de mon léger surpoids : je me suis saoulée aux Mon Chéri. J’adoooooore !

« Mais pourquoiiiiiii ? »,  me direz-vous ? (ne hurlez pas, j’ai mal à la tête).

Ne passons pas par quatre chemins (je n’ai pas le sens de l’orientation), mon recueil de nouvelles a été refusé par Luce Wilquin. Bouhouhou (là je pleure. Je le fais bien, hein ?)

Les raisons de cette injustice ?

Oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooh, (le bourré a souvent des temps d’arrêt interminables dans sa conversation).

Oooooh, je disais donc, ce n’est pas que mon manuscrit est nul ou qu’il ne correspond pas à la ligne éditoriale, MAIS ! (silence du bourré).

Mais trop de nouvelles tuent la nouvelle, ils n’en lisent plus chez Luce Wilquin. Pour preuve, le mail reçu à l’instant. Extrait, maestro :

                             Chère Madame,

Bon, déjà, ça commence mal. Je suis une mademoiselle.

                             Nous vous remercions pour l’envoi de votre manuscrit.

Mais de rien, mon chéri.

                             Nous devons malheureusement vous dire que des recueils de nouvelles nous parviennent quotidiennement, alors que nous en publions deux ou trois par an seulement. Nous sommes donc contraints de renoncer temporairement  à les prendre en considération, car il n’y a aucune « place » disponible dans notre programme avant deux ans au moins… Désolés!

                             Nous vous adressons nos salutations les meilleures.

Quoi ? On ose me dire non sans m’avoir lu ! Je m’insurge.

Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. Je cuve un peu et je me calme.

Vous savez ske j’y ai répondu au monsieur des manuscrits de Luce Wilquin :

                             Quel dommage, mon recueil est si bien !

Si si je vous jure, j’ai osé.

Ok, j’ai précisé que je plaisantais (quoique). J’y ai dit aussi au monsieur des manuscrits de Luce Wilquin que je lui enverrai un roman alors.

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 

Bon ben, il me reste plus qu’à l’écrire.

Pfffffou, faut vraiment que j’arrête les Mon Chéri.

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 2

Par défaut

Il y a trois jours, j’alimentais ma catégorie des bonnes nouvelles avec une surprise éditive dans ma boîte aux lettres.

Aujourd’hui, le soufflé est retombé.

Ma mailbox m’a renié.

Comme tout écrivain maudit qui se respecte, j’ai eu droit à ma lettre de refus type :

Madame,

Nous avons bien reçu votre texte et nous vous remercions d’avoir pensé à nos collections pour sa publication éventuelle. Nous ne pourrons cependant pas donner suite à votre proposition, votre texte ne correspond pas à notre politique éditoriale actuelle.

Dans l’attente de vous lire, bla bla bla…

Signé : Madame Pocket Jeunesse.

 

QUOI ? Mon texte ne correspond pas à notre politique éditoriale actuelle. C’est une blague ou quoi ? Que Monsieur Gallimard me jette comme un mouchoir morveux, je le conçois. Que les éditions numériques Walrus me fassent faire un tour de manège gratuit, j’y trouve encore mon compte.

Mais que Pocket Jeunesse trouve que mon texte ne correspond pas à notre politique éditoriale actuelle, j’avoue, je suis vexée.

Je n’en suis pas encore au record d’un certain Maginhard dont l’Apostrophe aux Contemporains de Ma Mort a été refusé 150 fois !!! Pour ceux qui ont une ou deux semaines à tuer, je vous propose de toutes les lire ici.

Moi, c’est différent. Je sens l’artiste raté monter en moi, celui qui vomit les professionnels du livre, celui qui décèle un complot anti-génies fomenté par de sombres étudiants payés à la semaine pour simuler le comité de lecture, qui n’ouvrent même pas votre présssssieux si chèrement relié chez Copy Print, surtout s’il est bon (le préssssssieux, bien sûr).

Je me sens habitée par l’autopyromane  furieux, à la recherche d’un bûcher des vanités pour y sceller définitivement le sort de son œuvre maudite afin de soustraire à l’humanité inculte une création de cette envergure.

Vite mon Mazarelli.

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Maintenant que je suis saoule, je peux être honnête. Mon roman de jeunesse n’est pas une œuvre impérissable. Le pitch vous le confirmera : dans le tome 1, Lisou, petite fille de six ans est initiée à la magie des fées pour sauver les cinq mondes.

Ok, on ne fait pas dans l’originalité : les petites filles sont mignonnes, il y a une méchante sorcière Ténébra qui veut tout péter, les fées ont des baguettes et des paillettes partout, …

Mais enfin, Madame Pocket, peut-on reprocher à une jeune auteur superbe et innovante (biffer les mentions inutiles) que son texte ne correspond pas à notre politique éditoriale actuelle, quand on édite Les chatons magiques, dont l’accroche est tout de même la suivante :

As-tu vu ce chaton angora roux ? Flamme est un chaton magique de sang royal, et son oncle Ébène est très impatient de le retrouver. Flamme est difficile à repérer, car son poil change souvent de couleur, mais tu peux le reconnaître à ses grands yeux vert émeraude et à ses moustaches qui grésillent de magie ! Il est à la recherche d’un ami qui prendra soin de lui. Et s’il te choisissait ?

Je vous laisse méditer.

C’est vrai, vous vous renouvelez rapidement, et peut-être que la politique éditoriale d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Pour preuve, je vous l’accorde, une nouvelle série annoncée sur le site en ces termes :

ATTENTION, NOUVELLE SÉRIE !

Les Chiots magiques font leur entrée ! L’un d’entre eux est perdu dans le royaume des hommes. Si vous le voyez, prenez soin de lui, il a besoin d’un ami !

 

 

Je m’éloigne peut-être trop de vos collections 6/9. C’est vrai que je me trouve peu de points communs  éditoriaux avec la série Les fées des bijoux dans l’arc-en-ciel magique. Je n’offre pas de papillon.

 

 

Vous plaisantez ou quoi ?

Bah, c’en est fini, fini, de mon expérience des romans féériques pour petites filles. Je vais plutôt écrire une thèse sur le suicide éthylique par transfusion de mazarelli en milieu suburbain.  Je gerberai mon fiel sur tous ces éditeurs ingrats et vous serez maudits, entendez-vous, MAUDIIIIIIIIIIIIIITS.

Elle disparut dans un brouillard épais. On entendit résonner son rire sardonique dans la nuit  glacée. Et on ne la revit plus jamais.

 

Ma vie d’écrivain maudit Chapitre 1

Par défaut

Parce que l’écriture c’est mon actu et que je viens de me faire flinguer par une maison d’édition.

Aïe

 J’ai envie de partager ma douleur, mon spleen, ma soul.

Ami lecteur, confident bloguien, sache qu’il y a quelque temps, j’étais une jeune auteure en vogue, hyper branchée et sollicitée. Et oui, en novembre 2010, j’ai publié dans une grande maison d’édition nationale mon œuvre « Passage de mémoire ».

 Enfin… ma nouvelle a été publiée.

Dans un recueil collectif.

Par une asbl liégeoise.

 Oh ça va ! N’empêche que j’ai participé à une impressionnante conférence de presse à propos de mon bouquin.

En fait c’était une rencontre littéraire entre les auteurs du recueil à la librairie de l’asbl.

 Mais il y avait un journaliste du Soir, nom de nom.

Oui, c’était un des auteurs du recueil, mais c’est un détail.

 J’ai signé des autographes, moi Monsieur !

Enfin, on s’est dédicacé mutuellement le recueil.

 Néanmoins, j’ai plein de projets. Je suis en contact avec une maison d’édition parisienne de livres numériques enrichis. Enfin j’étais. Le directeur de collection vient de me conseiller de me tourner vers l’édition papier. Walrus, pour ne pas la citer, est un studio de création et d’édition de livres numériques enrichis. Sa vocation est de, je cite, proposer à ses lecteurs et clients des livres numériques innovants et immersifs, dont le texte est augmenté de contenus multimédia et interactifs. En créant une expérience de lecture nouvelle, Walrus lance l’édition sur des pistes inédites.

 Complètement insipide ce projet, n’est-ce pas ?

 Bref, après m’avoir fait retravailler mon roman pour enfants pendant  trois mois, ils me proposent de le faire éditer chez Gallimard Jeunesse. Enfin, ils me conseillent sagement de leur envoyer. Ils m’envoient à la merte oui !

Baudelaire, Rimbaud et moi

Du coup, je suis devenue un auteur maudit. J’ai les cheveux en batailles, un foulard en soie autour du cou et une redingote noire. J’ai caché une flasque de Mazarelli dans mon sac et je fume l’opium le soir dans un bouge malfamé d’Hautrage-Etat (petit bled perdu au fin fond du Hainaut).

Ressaisissez-vous Josiane

Par contre j’ai une inspiration de dingue. Je suis sur trois créations de grande envergure. D’abord, je compte continuer dans la littérature de jeunesse. En prenant le train hier pour aller me prostituer à la prison de Mons, j’ai eu une idée lumineuse : l’histoire d’un jeune orphelin, souffre-douleur de son oncle et de sa tante, qui découvre qu’en fait il est un sorcier.  Il va vivre des aventures extraordinaires dans sa nouvelle école de sorcier et  combattre un méchant dont-je-n’ai-pas-encore-trouvé-le-nom.

 Ensuite, j’ai une idée de roman pour adultes : l’histoire d’une femme de chambre immigrée qui se fait  violer par un homme d’affaire puissant dans un hôtel new yorkais. Je n’ai pas encore décidé si elle va se faire broyer par la machine judiciaire américaine,  si elle va tomber amoureuse de l’homme d’affaire ou si au final elle deviendra une espèce d’Erin Brockovich guinéenne en faisant condamner à 125 ans de prison l’homme le plus puissant du monde.

 Je pense aussi à un récit d’anticipation : je vous raconte ? Dans un lieu incertain, à  une époque indéterminée, un immense raz-de-marée se met  à envahir la terre, rayant de la carte des villages entiers.  Une centrale nucléaire est touchée, menaçant à tout moment d’exploser. Le monde entier est suspendu aux lèvres de la présentatrice du JT, au moins pendant deux semaines. Mais surgit un événement complètement inattendu qui va bouleverser les spectateurs et leur faire oublier complètement la menace apocalyptique : un mariage princier. On ne pense plus qu’à la couleur du chapeau de la reine mère, au décolleté de la belle-sœur du marié, à la destination de la lune de miel. Si bien qu’on en oublie complètement que les réacteurs sont en fusion et que tout va mal en Centralie Nucléria.

Mais là, j’ai des doutes sur la crédibilité de l’intrigue. Je n’ai pas envie de me faire refouler une nouvelle fois par un éditeur bien intentionné.

Et si je devenais critique littéraire ?

En attendant, je devrais peut-être me contenter de faire la critique des autres auteurs, ceux qui PUBLIENT. Comme cette chère Sue Bentley. Ben oui, vous ne connaissez pas Sue Bentley ? LA célèbre auteure des « Chatons magiques ». Ça c’est de la littérature de jeunesse. Un petit chat qui a des pouvoirs magiques et qui se retrouve loin de chez lui, chez les humains parce que son oncle a pris sa place sur le trône et qu’il veut tuer le petit chaton gentil.

 Demain j’envoie mon tapuscrit à Pocket Jeunesse et s’ils le refusent, je lui explose sa truffe,  au chaton magique, et pas à l’aide d’un repousse-chat électronique (oui, j’ai un repousse-chat électronique dans mon jardin, je vous expliquerai un jour). Je lui envoie des cailloux magiques, je lui fracasse la queue avec ma flasque de Mazarelli. Bon j’arrête là, une demande d’ami vient de m’arriver sur Facebook. Une certaine Brigitte B. J’ai des doutes sur ses intentions « amicales ».

 P.S. : Mon correspondant chez Walrus était Julien Simon, qui, je dois l’avouer, a été exemplaire. Les insultes, les regrets, les tentatives de suicide sont purement humoristiques.

Re-P.S. : Depuis, Monsieur Gallimard a refusé ma saga pour enfants. Frustration …

Re-re-P.S. : Pas de nouvelles de Madame Pocket. Espoir ? Je retire tout ce que j’ai dit sur les chatons magiques.